jeudi 19 septembre 2013

Aujourd'hui, avec des potes, on décide de se rendre à Sanrizuka, où une grosse et violente résistance contre l'aéroport de Narita a eu lieu. Un combat qui commence à la fin des années 60 et fut intense dans les années 70/80. Encore maintenant, la lutte n'est pas finie.

On se rencarde à 6h du mat' à la station de Wakoshi, qui se trouve dans la préfecture de Saitama. Et purée, je dois bien avouer que me lever à 5h30, ça m'était pas arrivé depuis que j'ai taffé en pâtisserie. J'ai oublié que ça faisait mal. C'est parti pour 3 heures de trajet (ouai, Tokyo en caisse c'est bien la misère!). Sur la route, on chope un mec qui doit nous accompagner (qui nous servira surtout de guide).

En arrivant dans le périmètre de l'aéroport, on y croise déjà des keufs un peu partout. On y voit même des flics en uniforme de robocop. On sent qu'il s'y est passé des trucs et que ce n'est pas fini. Une atmosphère assez étrange.

Première étape. On se rend au carrefour principal de Sanrizuka où de violents affrontement ont eu lieu entre les keufs et un groupe communiste radicale du nom Chukaku (hmm, quand même bien autoritaire, faut bien l'avouer) le 20 Octobre 1985. Un affrontement remporté par les manifestants et un des derniers des plus violents durant cette lutte. Pour avoir vu quelques vidéos, je dois bien avouer que j'ai bien halluciné. Des manifestants qui chargent les keufs avec des sortes de béliers fait maison, des barres de fer, des cocktails molotov, des bombes … Enfin, ils étaient pas là pour rigoler quoi ! (d'ailleurs, vous pouvez voir cette vidéo à la fin ce cet article)

Deuxième étape. On va ensuite au parc où a commencé la manifestation qui s'est transformé en baston dont j'ai parlé au dessus. On m'dit qu'à l'entrée de ce dernier, les keufs fouillaient les gens avant d'y rentrer. Du coup, les militants avaient préparé le coup et avait planqué tous leurs matos deux semaines à l'avance. Ha, faut aussi savoir que cette manif' avait rassemblé quelques trois milliers de personnes.
Troisième étape. Une église miteuse qui me fait penser à celle de la Petite maison dans le prairie (un truc du farwest quoi) où on me dit qu'un vieux militant venait souvent là bas. C'était un artiste (encore un ! Haha). On peut y voir ses œuvres exposées à l'extérieur et dans une espèce de grange qui tombe en ruines.
On remonte dans la caisse et on se bouge vers un autre côté de l'aéroport. Sur la route on peut y voir quelques fermes qui résistent encore à l'extension de cet aéroport (bordel, et ça me fait culpabiliser de prendre l'avion) et contre leurs expropriations. Ouai, la lutte n'est pas finie et il y a encore quelques irréductibles !

Quatrième étape. On gare la voiture au parking d'un combini et on continue la trajet à pied. Sur la route, un autre carrefour où des affrontements ont eu lieu, et où notamment 3 keufs y ont perdu la vie. On arrive sur une petite route bordée de grands murs de taules bien dégueulasses, qui servent à cacher/protéger l'aéroport et ces pistes de décollage/atterrissage. Au bout de cette route, et toujours entouré par ces immondes plaques blanches, un petit sanctuaire s'y cache. Bien isolé et vraiment compressé. Une petite victoire (aussi minime soit elle) de la résistance contre ce gros tas de béton. Un moment, on est surpris par un avion qui décolle. Ça fait du bordel comme pas possible et on hallucine sur l'altitude à la quelle il est, en exagérant un peu, on aurai pu le toucher du bout des doigts. Sur la route du retour, une caisse de la sécurité de l'aéroport nous attend. Les gardes nous matent et se cassent direct après.
Cinquième étape. Un peu plus loin, toujours compressé par ces murs au milieu de l'aéroport, des fermiers y exercent encore leurs activités et sont toujours en résistance. Les décollages d'avions s'enchaînent, on apprendra un peu plus tard que cela arrive toutes les deux minutes, et toute la journée … Super ! Hein ? On se retrouve dans une ferme où leur spécialité c'est les échalotes, le jus de carotte ... On y croise un premier type, qui nous raconte qui s'est installé ici car pour lui ça avait du sens d'exercer son agriculture et d'exprimer sa contestation en même temps. Il se fait relayer par un autre fermier qui compare la situation à la Palestine, en parlant des murs qui les entourent. Plus tard, quand on achètes des échalotes (bien bonnes au passage) en geste de solidarité, il fera une autre citation du même genre, «En Palestine, c'est les olives, ici, c'est les échalotes ! Solidarité !». Par curiosité, je lui demande si il connait la lutte qui se passe en france contre l'aéroport à Notre-Dame-Des-Landes. Bien sur que oui, il me dit qu'ils entretiennent une forte relation avec des gens là bas et qu'une délégation de leur lutte s'y était déjà rendu. Un moment fort agréable en compagnie de ces personnes bien sympathiques.
Sixième étape. On continue notre petit périple. On arrive sur une petite route, bordée de deux/trois fermes, renommé «rue de la Solidarité» par les résistants. Une petite rue coupée nette, toujours en encore, par un grand mur. On peut y apercevoir des panneaux avec des vieux slogans des années 70. On monte sur une tourelle pour y voir de plus près des panneaux gigantesque qui donne directement sur l'aéroport. Et c'est là que je me souviens que j'avais déjà vu ces derniers dans l'avion en atterrissant la première fois que je suis venu. Je pensais que c'était pour souhaiter la bienvenue aux voyageurs haha! 

Sur la route du retour à notre voiture, ce sont deux caisses qui nous attendent. Un 4x4 noir avec des keufs aux visages cachées par leurs petit masques blanc et la même voiture qu'avant. Ils nous suivent et nous filment, on en profite pour les prendre en photo aussi. En se posant un peu avant de se rentrer, c'est une troisième voiture qui les rejoints, mais cette fois on me dit que c'est la police secrète... Je n'pensais pas qu'on pouvait être considéré comme un dangereux terroriste juste en allant acheter des échalotes, mais ça prouve aussi qu'ils flippent encore qu'il se passe un truc.
Toujours dans le même sujet, et pour revenir sur la ZAD (Zone à Défendre, la lutte contre l'aéroport à Notre-Dame-Des-Landes), j'ai eu la bonne surprise de choper un flyer, qui annonce une projection à propos de cette lutte, dans un café anarchiste à Tokyo lundi prochain. J'ai bien hâte et suis curieux d'aller voir ça , d'autant plus que c'est une militante de Tokyo qui s'est rendu là bas pour faire ce film.

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