Aujourd'hui, avec des potes, on décide
de se rendre à Sanrizuka, où une grosse et violente résistance
contre l'aéroport de Narita a eu lieu. Un combat qui commence à la
fin des années 60 et fut intense dans les années 70/80. Encore
maintenant, la lutte n'est pas finie.
On se rencarde à 6h du mat' à la
station de Wakoshi, qui se trouve dans la préfecture de Saitama. Et
purée, je dois bien avouer que me lever à 5h30, ça m'était pas
arrivé depuis que j'ai taffé en pâtisserie. J'ai oublié que ça
faisait mal. C'est parti pour 3 heures de trajet (ouai, Tokyo en
caisse c'est bien la misère!). Sur la route, on chope un mec qui
doit nous accompagner (qui nous servira surtout de guide).
En arrivant dans le périmètre de
l'aéroport, on y croise déjà des keufs un peu partout. On y voit
même des flics en uniforme de robocop. On sent qu'il s'y est passé
des trucs et que ce n'est pas fini. Une atmosphère assez étrange.
Première étape. On se rend au
carrefour principal de Sanrizuka où de violents affrontement ont eu
lieu entre les keufs et un groupe communiste radicale du nom Chukaku
(hmm, quand même bien autoritaire, faut bien l'avouer) le 20 Octobre
1985. Un affrontement remporté par les manifestants et un des
derniers des plus violents durant cette lutte. Pour avoir vu quelques
vidéos, je dois bien avouer que j'ai bien halluciné. Des
manifestants qui chargent les keufs avec des sortes de béliers fait
maison, des barres de fer, des cocktails molotov, des bombes …
Enfin, ils étaient pas là pour rigoler quoi ! (d'ailleurs, vous pouvez voir cette vidéo à la fin ce cet article)
Deuxième étape. On va ensuite au parc
où a commencé la manifestation qui s'est transformé en baston dont
j'ai parlé au dessus. On m'dit qu'à l'entrée de ce dernier, les
keufs fouillaient les gens avant d'y rentrer. Du coup, les militants
avaient préparé le coup et avait planqué tous leurs matos deux
semaines à l'avance. Ha, faut aussi savoir que cette manif' avait
rassemblé quelques trois milliers de personnes.
Troisième étape. Une église miteuse
qui me fait penser à celle de la Petite maison dans le prairie (un
truc du farwest quoi) où on me dit qu'un vieux militant venait
souvent là bas. C'était un artiste (encore un ! Haha). On peut y
voir ses œuvres exposées à l'extérieur et dans une espèce de
grange qui tombe en ruines.
On remonte dans la caisse et on se
bouge vers un autre côté de l'aéroport. Sur la route on peut y
voir quelques fermes qui résistent encore à l'extension de cet
aéroport (bordel, et ça me fait culpabiliser de prendre l'avion) et
contre leurs expropriations. Ouai, la lutte n'est pas finie et il y a
encore quelques irréductibles !
Quatrième étape. On gare la voiture
au parking d'un combini et on continue la trajet à pied. Sur la
route, un autre carrefour où des affrontements ont eu lieu, et où
notamment 3 keufs y ont perdu la vie. On arrive sur une petite route
bordée de grands murs de taules bien dégueulasses, qui servent à
cacher/protéger l'aéroport et ces pistes de décollage/atterrissage.
Au bout de cette route, et toujours entouré par ces immondes plaques
blanches, un petit sanctuaire s'y cache. Bien isolé et vraiment
compressé. Une petite victoire (aussi minime soit elle) de la
résistance contre ce gros tas de béton. Un moment, on est surpris
par un avion qui décolle. Ça fait du bordel comme pas possible et
on hallucine sur l'altitude à la quelle il est, en exagérant un
peu, on aurai pu le toucher du bout des doigts. Sur la route du
retour, une caisse de la sécurité de l'aéroport nous attend. Les
gardes nous matent et se cassent direct après.
Cinquième étape. Un peu plus loin,
toujours compressé par ces murs au milieu de l'aéroport, des
fermiers y exercent encore leurs activités et sont toujours en
résistance. Les décollages d'avions s'enchaînent, on apprendra un
peu plus tard que cela arrive toutes les deux minutes, et toute la
journée … Super ! Hein ? On se retrouve dans une ferme où leur
spécialité c'est les échalotes, le jus de carotte ... On y croise
un premier type, qui nous raconte qui s'est installé ici car pour
lui ça avait du sens d'exercer son agriculture et d'exprimer sa
contestation en même temps. Il se fait relayer par un autre fermier
qui compare la situation à la Palestine, en parlant des murs qui les
entourent. Plus tard, quand on achètes des échalotes (bien bonnes
au passage) en geste de solidarité, il fera une autre citation du
même genre, «En Palestine, c'est les olives, ici, c'est les
échalotes ! Solidarité !». Par curiosité, je lui demande si il
connait la lutte qui se passe en france contre l'aéroport à
Notre-Dame-Des-Landes. Bien sur que oui, il me dit qu'ils
entretiennent une forte relation avec des gens là bas et qu'une
délégation de leur lutte s'y était déjà rendu. Un moment fort
agréable en compagnie de ces personnes bien sympathiques.
Sixième étape. On continue notre
petit périple. On arrive sur une petite route, bordée de deux/trois
fermes, renommé «rue de la Solidarité» par les résistants. Une
petite rue coupée nette, toujours en encore, par un grand mur. On
peut y apercevoir des panneaux avec des vieux slogans des années 70.
On monte sur une tourelle pour y voir de plus près des panneaux
gigantesque qui donne directement sur l'aéroport. Et c'est là que
je me souviens que j'avais déjà vu ces derniers dans l'avion en
atterrissant la première fois que je suis venu. Je pensais que
c'était pour souhaiter la bienvenue aux voyageurs haha!
Sur la route du retour à notre
voiture, ce sont deux caisses qui nous attendent. Un 4x4 noir avec
des keufs aux visages cachées par leurs petit masques blanc et la
même voiture qu'avant. Ils nous suivent et nous filment, on en
profite pour les prendre en photo aussi. En se posant un peu avant de
se rentrer, c'est une troisième voiture qui les rejoints, mais cette
fois on me dit que c'est la police secrète... Je n'pensais pas qu'on
pouvait être considéré comme un dangereux terroriste juste en
allant acheter des échalotes, mais ça prouve aussi qu'ils flippent
encore qu'il se passe un truc.
Toujours dans le même sujet, et pour
revenir sur la ZAD (Zone à Défendre, la lutte contre l'aéroport à
Notre-Dame-Des-Landes), j'ai eu la bonne surprise de choper un flyer,
qui annonce une projection à propos de cette lutte, dans un café
anarchiste à Tokyo lundi prochain. J'ai bien hâte et suis curieux
d'aller voir ça , d'autant plus que c'est une militante de Tokyo qui
s'est rendu là bas pour faire ce film.
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